Dernière mise à jour le 04 décembre 2024
Dans l’optique de rentabiliser au maximum leurs exploitations, les éleveurs laitiers anglais valorisent le pâturage avec des troupeaux allant de 180 à 440 vaches.
Plusieurs éleveurs laitiers des secteurs du Ternois, Béthunois et de l’Artois, adhérents au GEDA (Groupes d’Etudes et de Développement Agricole), sont allés explorer les techniques et résultats d'outre-Manche.
Des coûts totalement optimisés
Question optimisation des coûts, l’exploitation d’Andy Allan, située à Newbury au sud-ouest de l'Angleterre, est un modèle du genre. Manager de trois unités d’élevage, il détient un cheptel de 440 vaches réparties sur 2 unités équivalentes. Les veaux et génisses sont élevés sur une troisième unité spécialisée. L’assolement se compose 245 ha d’herbe, 60 ha de maïs, 60 ha de blé ou d’orge soit 365 ha de SAU.
Ici, les bâtiments et la mécanisation sont vraiment réduits: des niches à vaches en logettes sur sables face à des silos en libre service non couverts et un simple fil électrique pour contrôler l’avancement. L’aire d’attente non couverte est équipée d’une barrière poussante face à une salle de traite 2x20 en épi avec alimentateurs. Seul, un tracteur est présent sur l’élevage pour assurer le raclage.
Des vêlages groupés pour organiser le travail
Le travail est assuré par des salariés extrêmement impliqués dans la gestion de l’élevage. Un seul vacher s’occupe des 220 vaches! Il trait 150 vaches à l’heure, grâce à une technique de traite simplifiée à l’extrême: pas de lavage des mamelles, les vaches étant propres en pâture ou dans les logettes avec du sable. Pas non plus de décrochage automatique dans la salle de traite en équipement simple, ligne haute. Les alimentateurs distribuent une dose identique à chaque vache et un portillon d’auge repousse l’animal en fin de traite pour accélérer la sortie. Enfin les mammites sont rares, ce qui permet aussi de garder la cadence.
La génétique du troupeau est issue d’un croisement trois voies Holstein d’origine américaine, Nouvelle Zélande et Irlande, particulièrement bien adaptée au pâturage et d’une très bonne fertilité.
Les vêlages sont groupés pour faciliter l’organisation du travail et pour que le tarissement corresponde à la saison sèche. 93% des vaches vêlent sur six semaines en septembre octobre. La productivité du troupeau est moyenne avec 7000 litres par vache mais avec une bonne fécondité (75% de réussite en 1ère IA) et une longévité impressionnante jusqu’à 7 à 8 lactations par vache... Les génisses de renouvellement sont issues des premières vaches vêlées. Le taux de réforme est accentué par un problème de tuberculose. Les blaireaux qui sont «espèce protégée», propage cette maladie dans les élevages de la région. Les éleveurs sont indemnisés pour abattre et remplacer les animaux infectés. L’année précédente, c’était presque 30% des vaches qui avaient été abattues.
Une ration performante à moindre coût
Les 130 ha de Surface Fourragère Principale (SFP) sont constitués de 55 ha de pâture dont 15ha sont ensilées en première coupe et 40 ha d’herbe ensilés avec une seule coupe au 25 mai et 35 ha de maïs. Soit 60 ares de SFP par VL.
Le pâturage est divisé en 18 paddocks avec fil électrique avant, avancé deux fois par jour. Ainsi, les animaux ont toujours de l’herbe fraîche en sortant de salle de traite (compter 30 jours pour la repousse). Les chemins sont très portants car naturellement composés de terres filtrantes et de petits galets ronds non blessants.
La ration hivernale à base d’ensilage de maïs et d’herbe est complétée par des aliments concentrés économiques (blé, tourteaux de colza et soja) mais en quantité peui mportante pour un système avec autant d’herbe: 1800 kg par VL/an. Avec une telle alimentation les vaches produisent un lait à 43.8% de MG et 35.4% de TP. Un complément de prix est obtenu pour le lait d’hiver qui représente 70% de la production.
L'exploitation, une entreprise rentable
L’autre point fort de l’exploitation réside dans le fait qu’elle est gérée comme une entreprise avec un programme de travail et des objectifs. Un calendrier très précis est réalisé et permet une très bonne efficacité de la main d’œuvre.
Le regroupement des vêlages est LA condition essentielle de cette organisation du travail. Elle permet de mieux gérer l’alimentation et la complémentation des animaux, les vaches étant à peu près toutes au même stade de lactation. La période de vêlages, plus exigeante en surveillance et en soins, est plus courte, ce qui favorise le recours à un renfort en main d’œuvre saisonnière en septembre-octobre.
Les résultats économiques reflètent la bonne gestion de cette exploitation et la rigueur bénéfique de l’organisation du travail. Si l’on soustrait les 22€/1000L des veaux et vente de vaches de réformes du total des charges de 251 €/1000L, on obtient un prix d’équilibre pour la vente de lait à 229€/1000L. Cette très forte maîtrise des charges est impressionnante, même si certains points comme les investissements liés à la mise aux normes sont loin d’être comparables à ce qui se fait chez nous.
Trois autres visites ont confirmé le degré élevé de technicité des éleveurs anglais: mise en œuvre pour valoriser les surfaces en herbe grâce au pâturage tournant dynamique, suivi de la pousse d’herbe à l’aide d’herbométre, qualité des chemins et des points d’eau... Autant de pistes de travail qui seront reprises et travaillées dans et par les GEDA.