Sol
Dernière mise à jour le 04 février 2025
Avant tout, prévenir la compaction des sols Le tassement dépend principalement du poids au sol des matériels, croisé avec l’humidité et la cohésion du sol. Pour limiter la compaction, on peut donc agir en respectant au mieux les conditions de ressuyage et de portance des sols, en rationnalisant et en limitant les circulations sur les parcelles, en augmentant les surfaces de contact avec le sol (pressions minimales, pneus larges, jumelages, télégonflage…), en réduisant le poids des engins agricoles (choix des matériels les moins lourds, chantiers décomposés, soulagement des intégrales par des bennes…), ainsi qu’en limitant le travail du sol au strict nécessaire afin de conserver la cohésion du sol. Si le pneumatique (largeur, structure, pression) et le nombre de passages influent sur les tassements de surface, c’est le poids par essieu qu’il faut réduire pour limiter les tassements profonds (c’est-à-dire au-delà des zones habituellement travaillées).
Les conditions automnales de ces deux dernières années ont été parfois très compliquées. Beaucoup de parcelles ont été dégradées par les chantiers d’arrachage, au point parfois d’obliger à modifier la rotation. Dans ces situations, mieux vaut ne pas forcer et attendre le ressuyage des parcelles et l’aide du gel hivernal ou d’une période anticyclonique sèche. L’implantation d’un blé peut s’envisager jusque fin janvier en choisissant une variété adaptée, sinon des cultures comme l’orge de printemps, la féverole voire le pois peuvent s’avérer de bonnes alternatives (éviter les cultures très sensibles au tassement comme la pomme de terre, le lin ou le maïs). Après un éventuel nivellement préalable du sol, un labour, ou si les conditions le permettent un passage de chisel voire de décompacteur pas trop profond, permettront de restructurer grossièrement le sol sur une vingtaine de centimètres avant d’implanter la culture suivante (il semble en effet illusoire de fissurer une semelle profonde de l’automne au début du printemps).
L’été suivant pourra être mis à profit pour diagnostiquer les parcelles endommagées, et au besoin régénérer mécaniquement les semelles de compaction en profitant de conditions parfaitement ressuyées et friables (d’où l’intérêt d’enchainer avec une culture libérant tôt les parcelles). L’extraction d’un bloc de sol au télescopique (ou un simple profil cultural à la bêche), croisé avec l’enfoncement d’une tige pénétrométrique si les conditions sont humectées, constitue un moyen rapide et assez simple pour repérer les zones tassées. Si celles-ci ne sont pas suffisamment perforées de galeries de lombriciens, ou fissurées par le climat ou les outils, et qu’une culture sensible au tassement est prévue, il sera recommandé de décompacter la parcelle 5 à 10 cm sous la zone tassée.
Eva Baraud et Pierre Mortreux
Chambre d’Agriculture Hauts de France