Reliquats azotés : que reste-t-il dans nos sols après l’hiver ?

Après un automne – hiver particulièrement pluvieux notamment sur le tiers ouest du Nord – Pas de Calais, les reliquats sortie hiver sont dans la tendance basse (67 uN sur 90 cm) mais pas historiquement faibles. Un peu plus de 4000 analyses à 3 horizons ont été mobilisées pour réaliser cette synthèse Nord – Pas de Calais, grâce aux données fournies par le groupe Carré, la Flandre, Unéal, Vaesken et la Chambre d’Agriculture.

Les reliquats utilisables moyens sont de 41, 51 et 67 uN sur respectivement 45, 60 et 90 cm. Des valeurs dans les normales basses, mais néanmoins plus hautes qu’attendues au vu de la pluviométrie exceptionnelle qui aura marqué l’automne 2023. Les précipitations d’octobre à fin janvier vont en effet de 300 mm sur une bande médiane Artois - Cambrésis - Hainaut, à plus de 600 mm sur la frange côtière (et dans une moindre mesure vers la Thiérache).

Cet effet secteur est à l’origine d’un différentiel d’une trentaine d’unités entre les zones côtières (~ 50 uN) et le secteur Artois – Cambrésis – Hainaut – Plaine de Scarpe (~ 80 uN). Afin de grossir les jeux de données et d’affiner les statistiques, les petites régions agricoles ont été regroupées en trois grands ensembles en fonction de leur proximité géographique et de la pluviométrie hivernale (cf tableau des reliquats utilisables par précédent et par secteur géographique).

La gradation selon le précédent cultural est peu différenciée cette année en raison des niveaux globalement faibles, et surtout très atypique. Hormis les précédents endives et chicorées situés comme d’habitude en bas de classement (43 uN), et les pommes de terre plutôt en « haut » de tableau (70 uN), la plupart des situations se retrouvent regroupées vers 60 à 65 uN. C’est notamment le cas des précédents pois et haricots, historiquement faibles (64 uN), et pour lesquels il convient de rester prudent notamment dans les secteurs avec les plus gros niveaux de reliquats (analyse à la parcelle conseillée, conjuguée éventuellement à un outil de pilotage en végétation sur blé).

Ce qui ressort cette année en tête, ce sont les situations après céréales avec cultures intermédiaires (notées « CIPAN ») et/ou avec apports organiques récents (en été – automne 2023, notées « MO »). Les précipitations abondantes de l’automne – hiver ont en effet induit des pertes importantes par lessivage, pertes qui ont pu être limitées par les couverts pièges à nitrates, ou compensées par les fournitures des produits organiques voire des sols dans un contexte de températures douces favorables. Ces hypothèses semblent d’ailleurs cohérentes avec la répartition superficielle de l’azote dans les profils (surtout dans le premier horizon, voire dans le second).

Les parcelles après CIPAN bénéficient en moyenne de 13 unités supplémentaires de reliquat sur 90 cm, et ce sans compter la contribution restant à venir par la minéralisation des couverts (selon espèces, biomasse et date de destruction). Et les parcelles avec apport organique récent bénéficient en tendance d’un gain de 10 à 20 uN sur le reliquat sortie hiver (effets plus marqués après les produits riches ou rapides d’action : lisiers, boues, fumiers de volailles, digestats, vinasses). Rappelons que les situations potentiellement riches ou atypiques méritent des analyses à la parcelle, plus fiables que les moyennes publiées pour lesquelles la dispersion moyenne est de +/- 25 à 30 uN.

Pour obtenir votre reliquat utilisable moyen affiché en kg N / ha : sélectionnez votre secteur et la profondeur d’enracinement de la culture 2024 (en colonne : 45, 60 ou 90 cm), puis votre précédent cultural (culture en place en 2023, en ligne)

* : lorsqu’une situation comportait moins de 7 données, la valeur a été recalculée en croisant les effets du précédent et de la petite région