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Culti'nov : forum des opportunités et des débouchés de demain

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Les chambres d'agriculture de l'Aisne et de l'Oise se sont associées à l'Agence de l'eau Seine Normandie pour la seconde édition du Forum Culti'nov qui s'est tenue sur le Campus Inovia à Noyon (60) et promouvoir les cultures à bas niveau d'intrants (BNI).

Bruno Haas, agriculteur sur la commune de Reez Fosse Martin (60) et élu Chambre d'agriculture de l'Oise a ouvert le forum Cultinov du 19 septembre à Noyon.

L’ensemble du milieu agricole est témoin des changements s’opérant dans le monde qui l’entoure. L’agriculture d’aujourd’hui doit pouvoir suivre les évolutions climatiques, environnementales et sociétales à venir. De nombreuses solutions existent pour relever les défis qui se présentent devant nous.

Les cultures à Bas Niveau d’Intrants font parties des leviers d’action pour adapter et rendre nos territoires et exploitations plus résilients. La création de nouvelles filières, la recherche de valeur ajoutée ainsi que la diminution des intrants sont au cœur des réflexions.

De plus, l’évolution des modes de consommation s’oriente depuis plusieurs années vers le local, le naturel et le végétal. L’industrie et l’agriculture partagent des enjeux communs de préservation et de développement de nouvelles opportunités de service pour les exploitants et l’emploi local. Elles sont à l’écoute des attentes sociétales et se tournent vers l’innovation pour construire demain tout en préservant notre environnement.

Les curieux étaient déjà nombreux dès 9 h du matin a se presser dans le hall d'accueil puis dans les allées du forum pour découvrir les stands des coopératives, industriels et associations. L’objectif est de faire émerger de nouvelles filières et cultures permettant de protéger les ressources et les milieux naturels tout en sécurisant les revenus des agriculteurs.

Lors de cette journée, des stands et trois tables rondes étaient proposées pour découvrir ces cultures.
Et c'est le sujet du chanvre qui a ouvert la série des tables rondes. Lin 2000, Interchanvre, la Chambre d'agriculture de l'Oise, et un exploitant producteur de chanvre ont discuté ensemble de la nouvelle star des culture à bas niveau d'intrants.
«Produire du lin de printemps devient de plus en plus compliqué et le lin d'hiver, gélif, ne permet pas d'assurer la pérennité de la production.» déclare Guillaume Vandenberghe, responsable chanvre chez Lin 2000, « Le chanvre répond à cette problématique en tant que culture complémentaire au lin d'hiver mais aussi à une demande du consommateur (moins d'intrants, moins d'irrigation). Il s'agit pour nous d'appliquer le savoir-faire français sur le lin au chanvre textile ».

Si la coopérative linière ne cherche à développer que le textile avec cette plante, le président d'Interchanvre, Franck Barbier, a tenu a rappelé tous les débouchés possibles du chanvre industriel : « Il y a trois produits valorisables avec cette plante : sa graine pour l'alimentation humaine et animale, ses fibres qui remplacent la fibre de verre pour fabriquer nos tableaux de bord d'automobiles, et la chènevotte, qui entre dans la composition du béton végétal. Il y a tellement d'usages possibles qu'il y a de la place pour tout le monde. »

Marie Ménard, a souligné le rôle de la Chambre d'agriculture de l'Oise dans la dynamique qui s'installe dans le département quant à l'installation d'une production qui répond « aux problématiques de l'eau et du stockage de carbone (15 t co2 / ha). »

Le miscanthus, un projet de territoire
L'après-midi a débuté avec une deuxième table dédiée au miscanthus. Le miscanthus est une graminée originaire d’Asie pouvant atteindre 3 m de haut. Cette culture pérenne reste implantée pendant 15 à 20 ans et se récolte tous les ans à partir de deux années d’implantation. Dans l’Oise, son rendement est d’environ 12 tMS/ha pour une densité de semis compris entre 15 et 20.000 pieds/ ha. Plébiscité par les agences de l’eau, le miscanthus à plus d’un avantage face aux problèmes d’érosion et de protection de la ressource en eau. Le miscanthus est une plante nécessitant peu de fertilisant et pas d’intervention phytosanitaire (excepté à l’implantation si le salissement de la parcelle est trop important). A l’exception du chantier d’implantation, c’est aussi une culture qui demande peu de main d’œuvre, la plantation et la récolte étant entièrement mécanisable (planteuse et ensileuse à maïs).

Hervé Foulloy, exploitant sur la commune de Conchy-les-pots, a témoigné de son travail sur la miscanthus :
« J’ai proposé de planter 4 hectares de cette graminée dans une parcelle à faible potentiel sur mon exploitation. Nous avons établi avec la commune un contrat de 15 ans, pour lequel nous avons été accompagnés par la chambre d’agriculture. Avec une base 2023 de 135 €/t rendue mairie, indexée sur le prix du fermage », dévoile l’agriculteur. Un choix qu’il ferait différemment aujourd’hui, vu l’évolution du prix de l’énergie.
Avec le miscanthus produit par Hervé Foulloy la commune de Conchy-les-pots chauffe une surface de 1.200 m2 : un centre de santé au rez-de-chaussée, l’école à l’étage, la mairie et un logement. Les élus voulaient une énergie locale, durable et économique. La chaudière a besoin de 40 à 50 t/an de biomasse. La production annuelle de miscanthus varie de 10 à 20 t/ha dans les meilleures terres, avec une durée de 20 ans. Chez M. Foulloy le miscanthus produit 12 tMS/ha.

Aude Landelle, chargée de mission pour le pays des sources et Vallées, est venue présenter les actions en lien avec la biomasse énergie qu’ils mettent en place. L’objectif est d’aider les collectivités et les industrielles de leur territoire à s’engager dans la transition énergétique vers de la biomasse énergie. Ils accompagnent dans le cadre de leur PCAET (Plan Climat Air Energie et Territoire) les acteurs de leur territoire vers une transition énergétique local et durable. Ils ont même ouvert des aides financières pour l’ensemble des acteurs qui vont dans ce sens par le biais des fonds LEADER.

Le bambou se développe en Hauts-de-France
Présente sur le forum, la société Horizom, a présenté lors de la troisième table ronde de la journée l'accompagnement qu'elle propose aux exploitants tentés par la culture du bambou. «Notre objectif est de proposer aux agriculteurs une culture alternative répondant à deux besoins croissants : le carbone et la biomasse» explique Christophe Downey, co-fondateur d’Horizom.

Le bambou est une culture permettant de diversifier les assolements et de contribuer à atteindre la neutralité carbone à l’échelle planétaire. Horizom indique que la décarbonation de notre économie implique une forte réduction de l’usage de ressources fossiles, au profit de la biomasse. Cela se traduit par une forte croissance des marchés des biomatériaux, de la biochimie et de la bioénergie. En 2050, selon les projections à l’échelle de l’Europe, la ressource risque d’être deux fois inférieure au besoin. Pour l'entreprise, il est donc absolument essentiel de développer dès maintenant des moyens de production de biomasse résilients pouvant se substituer aux ressources fossiles (minerais, énergies) et capables de séquestrer massivement et rapidement du carbone. Alors que la fréquence et la violence des aléas climatiques mettent en péril les récoltes et que les tensions sur l’énergie rendent le cours des intrants ultra volatiles, et créent des pénuries, le bambou apparait comme une diversification idéale : rentable, résiliente et qui demande peu d’entretien.

Lydie Leymarie, agronome à Horizom a détaillé l’itinéraire technique de cette nouvelle culture, allant de la plantation jusqu’à la récolte, tout en expliquant les besoins de cette culture notamment en termes d’eau, avec l’obligation d’irrigation au goutte à goutte afin d’avoir des rendements constants dans le temps.

 

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