Vous êtes ici : Accueil > Articles > La robotique au service du maraichage

La robotique au service du maraichage

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Les travaux physiques liés au maraichage impliquent un développement d’outils ergonomiques pour effectuer les opérations manuelles. Ces dernières années, afin de diminuer la pénibilité des travaux, différents robots ont vu le jour. Voici deux exemples de robots disponibles sur le marché.

Le TOUTILO de Toutiterre : un robot pas comme les autres
Le TOUTILO est un engin robotisé comparable à un lit de désherbage articulé avançant de manière autonome. Il permet également de planter, désherber, biner, récolter et porter des bacs de cultures. Il est entrainé électriquement par une batterie au lithium, amovible, ce qui facilite sa recharge. Il possède un moteur pour chacune des roues arrières et se  dirige grâce à une télécommande mobile. Il existe quatre modèles du toutilo adaptés à différentes largeurs de planche de 80 à 140 cm. Une cinquième version existe pour effectuer le désherbage de précision.
Le siège, breveté, est conçu pour être le plus ergonomique possible aussi bien en position assise qu’allongée. Pour ce qui est de la vitesse, il peut rouler entre 50 m/h et 2 km/h. Pour le guidage, il est possible de choisir en option une caméra qui suit les lignes de plantations et qui corrige la trajectoire de l’appareil. Son prix oscille entre 23 000 et 27 000 €. L’achat est éligible aux aides comme le PCAE, les subventions FranceAgriMer ou la MSA.

Retour d’expériences de producteurs
« Après avoir fait une planche, on n’est pas cassé et on peut faire autre chose même après avoir passé plusieurs heures à faire des plantations, ce qui n’était pas possible avant d’avoir le TOUTILO ». Un couple de maraîchers de l’Oise installé sur une surface d’un hectare s’est équipé du robot. Ils trouvent qu’il est bien adapté pour le handicap de la maraichère et apprécient le gain de temps permis. Ils reconnaissent aussi que l’outil est bien équipé avec des pare-soleil et des pare-vent, des poches pour ranger une bouteille d’eau ou un pique-nique, et des espaces pour transporter du matériel.
Cependant, sans les aides ils n’auraient pas acheté l’outil car le prix reste un frein à l’investissement. Par ailleurs, selon eux, le TOUTILO est bien adapté pour travailler sous-abris mais pas forcément pour faire du tout terrain et n’est pas assez puissant pour travailler des sols lourds. Ils constatent aussi qu’il n’est pas vraiment adapté non plus pour faire du binage ou du buttage car il n’est pas assez puissant pour cela. « Je fais du meilleur boulot avec mon petit tracteur » reconnait le maraîcher.

D’autres outils innovants pour optimiser l’ergonomie de travail
Depuis quelques années, le robot français OZ de la société Naïo Technologies permet aux maraichers de diminuer leurs charges de travaux physiques. C’est un robot électrique de  désherbage de culture en ligne avec un écartement supérieur à 65 cm, et robot d’assistance à la récolte. Son autonomie varie entre 3 et 8h et sa vitesse n’excède pas d’1,5 km/h.  Les outils attelés sont multiples : la brosse de buttage, les dents droites, la herse étrille basse, les socs de binage, et le siège tracté…


La station expérimentale d’Auray a travaillé pendant 3 ans sur un projet comparant une conduite manuelle témoin, une conduite avec le TOUTILO et une conduite avec le robot autonome OZ. Ce travail a été effectué avec la MSA pour observer et caractériser les gestes et postures lors des travaux aux cultures. Les résultats ont montré qu’entre les 3  modalités, témoin/assistée (TOUTILO)/robotisée (OZ), il n’y a pas de différences significatives concernant les rendements des 3 cultures choisies (panais/poireaux/oignons).
En ce qui concerne la pénibilité du travail effectué, elle est différente entre les 3 modalités. La position classique témoin fait appel majoritairement aux dos, genoux et cervicales, tandis que la position assistée avec le TOUTILO fait appel aux épaules. Le robot OZ quant à lui n’utilise ni dos, genoux, cervicales et épaules mais demande une charge mentale plus importante que les 2 autres modalités pour le producteur. En effet, ce dernier va vérifier plusieurs fois qu’il a bien été paramétré avant de le laisser travailler en autonomie.
Source : LE LAN M. (2021). Synthèse du projet (2018/2020) : vers plus de durabilité en maraichage biologique.

Sophie Feutrie, Chambre d’agriculture Nord Pas de Calais
Pierre Le Fur, Chambre d’agriculture Oise

Abonnez vous !