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La cameline en essais sur le Nord Est de l’Oise

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La cameline fait partie de la famille des crucifères. Il s’agit d’une culture oléagineuse, qui peut être cultivée en culture principale ou en culture dérobée grâce à un cycle cultural court. La cameline produit une graine pouvant avoir différents débouchés : l’huile, destinée à l’alimentation humaine (riche en Omega 3 et 6), mais aussi une destination industrielle, pour intégration dans les biocarburants. L’objectif à travers les essais menés n’est pas de remplacer une culture mais de valoriser une culture dérobée.

La cameline a un cycle végétatif court de 90 jours. Peu sensibles aux ravageurs, elle est au contraire très attractive pour les pollinisateurs. Cette plante n’est pas gourmande en eau, même si comme beaucoup de cultures, elle en a besoin pour germer et démarrer son cycle. Son pouvoir couvrant et son effet allélopathique limitent fortement les risques de salissement (seul le chénopode peut rester problématique en cas de forte infestation ou de développement lent de la cameline). Très peu sensible aux maladies, cette culture peut être considérée comme à bas niveau d’intrants.

Après différents essais menés en cameline sur le secteur en 2018 dans le cadre d’une thèse, plusieurs agriculteurs adhérents des CETA de Noyon, l’Aronde et Attichy (ADANE), ont souhaité poursuivre l’expérimentation avec SAIPOL, filiale du groupe AVRIL, et un semencier espagnol, CAMELINA Company.

Ce travail s’est donc mis en place à partir de 2019, avec plus de 160 ha semés derrière pois de conserve et derrière escourgeon, l’objectif étant de semer avant le 14 juillet. L’atout de semer la cameline derrière pois reste bien entendu la disponibilité en azote. Le semis derrière pois ne nécessite donc aucun apport, contrairement à l’escourgeon où 40 à 50unités sont nécessaires pour assurer le développement de la cameline. Trois types de semis ont été expérimentés : le semis direct, le semis après un travail du sol superficiel, et le semis à la volée dans la culture encore en place environ 3 semaines avant sa récolte. Pour cette première campagne d’essais, une cinquantaine d’hectares ont pu être récoltés. L’expérimentation s’est poursuivie en 2020, année climatique plus compliquée car les semis s’étaient déroulées en conditions très sèches, limitant fortement les levées et le développement de la culture. Pour terminer cette campagne, c’est le retour de conditions très humides qui ont mis fin à tout espoir de récolte. Le risque de récolter une culture dérobée en septembre-octobre est de trouver le créneau climatique idéal pour sortir la moissonneuse batteuse et récolter un grain sec (l’objectif étant d’être autour de 9% d’humidité). Mais nous ne voulions pas nous arrêter sur un échec ! Les essais ont donc été remis en place en 2021, avec l’objectif de semer 175 ha. La moisson tardive de cette année a compliqué la mise en place de cameline derrière escourgeon, c’est alors 146 ha qui ont été semés. La pluie n’a pas été un facteur limitant sur cette campagne, la culture s’est donc bien implantée, les levées ont été rapides. Les chénopodes ont pu être problématiques dans quelques parcelles, mais au final, c’est près de 100 ha qui ont été récoltés avec des rendements allant de 9 à 12qx. Plutôt satisfaisant pour une culture à très faible PMG, pour laquelle on peut espérer entre 5 et 15qx. La récolte se fait assez facilement avec la moissonneuse, il faut simplement bien régler sa machine afin de perdre le moins de graines possibles tout en assurant la propreté de la marchandise.

La principale difficulté demeure la récolte, et le climat à cette période de l’année, paramètre essentiel mais non maitrisable. Il n’est pas facile de récolter un grain sec, ce qui nécessite une bonne organisation au moment de la récolte pour les organismes stockeurs, et parfois, un séchage nécessaire.

D’un point de vue technique, cette culture reste assez simple à mener. Elle est peu exigeante en intrants et en interventions. Le paramètre principal reste le climat au cours de son cycle : un peu de pluie pour assurer sa levée, et du soleil pour assurer sa récolte ! D’un point de vue agronomique, c’est une culture piège à nitrate, elle est très attractive pour les pollinisateurs et son système racinaire pivotant est intéressant pour la structure du sol.
Saipol travaille en parallèle sur la valorisation de cette culture à travers une filière biocarburant. A suivre pour 2022…

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