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L'épandage de digestat passé à la loupe

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Comment valoriser au mieux le digestat de méthanisation? L’expérimentation menée depuis deux ans à Valhuon apporte des premiers résultats.

Initié à l’été 2016, l’essai vise à tester l'efficacité agronomique du digestat et son impact environnemental. La première phase de l’expérimentation, d’une durée totale de 4 ans, permet d’étudier le devenir de l’azote présent dans le digestat au moment de l'épandage, puis dans le sol et enfin sa valorisation par les cultures. Deux modalités ont été mises en place et comparées : fertilisation uniquement à base d'engrais minéraux et une fertilisation avec du digestat et des engrais minéraux, suivant les cultures et leurs besoins.

 

Un digestat riche en azote ammoniacal et bien valorisé par les cultures
Le digestat étudié est un digestat liquide brut, produit par une unité en voie liquide infiniment mélangée. Sa teneur en azote varie de 5,4 kg/t à 6,3 kg/t. 60% de cet azote est sous forme ammoniacale. Ce taux élevé signifie que l'azote est rapidement assimilable par les plantes mais également volatilisable et lessivable.


En 2016, le digestat a été épandu sur la moitié de l'essai, juste après la récolte de l'orge aux alentours du 20 juillet. La CIPAN (Culture Piège A Nitrate), une moutarde a été semée dans la foulée puis récoltée début novembre,  soit 3 mois et demi après le semis, ce qui a permis un très bon développement. La moutarde avec digestat a absorbé 1,5 fois plus d'azote que la moutarde semée sans apport de digestat. Le rendement a lui été multiplié par 1,4. Il est de 5,8 tMS/ha, ce qui est très élevé sachant que le rendement moyen sur la région est de 2 tMS/ha.


Des reliquats azotés réalisés mensuellement ont confirmé la bonne absorption de l'azote du digestat par la moutarde : les teneurs en azote dans le sol durant toute la période hivernale étaient identiques sur les modalités avec et sans digestat. La CIPAN a pu piéger tout l’azote libéré par le digestat et l'azote piégé par la CIPAN a pu être en partie restitué au printemps et valorisé par la culture en place.

Au printemps 2017, du maïs a été implanté. Un épandage de digestat, enfoui immédiatement a précédé le semis. Le rendement moyen en maïs a été de 19 tMS/ha sur les 2 modalités avec digestat et avec engrais minéral. Le digestat a été aussi bien valorisé que l'engrais minéral.

 

Attention aux conditions d'épandage
Une mesure de la volatilisation de l'azote ammoniacal a été réalisée à chaque épandage de digestat. L'épandage est réalisé avec un épandeur à patin. Le sol est travaillé immédiatement après l'épandage pour enfouir le digestat. Sur une petite zone, l'enfouissement n'a été réalisé que 48h après l'épandage afin d’analyser le gain lié à l’enfouissement. Les résultats confirment ce qui avait déjà été mesuré dans d'autres essais en France : l'enfouissement est à réaliser au plus vite après l'épandage, la volatilisation de l'ammoniac ayant lieu dans les premières heures suivant l'épandage. Les conditions météorologiques : les températures élevées, le vent, l’absence de pluie favorisent la volatilisation.


L'essai rassemble de nombreux partenaires (Chambre d'Agriculture Nord Pas de Calais, SAS Métha-Ternois, Arvalis, Unéal,  lycée agricole de Tilloy les Moflaines...) et se poursuit. Au printemps, du blé a été implanté avec un deuxième apport d’azote réalisé avec le digestat. La volatilisation de l'ammoniac a de nouveau été mesurée. Les analyses sont en cours et seront bientôt communiquées dans un nouvel article focus.  

 

Contact : Cécile Manhes, SATEGE

 

A savoir : 

  • De part son process, la méthanisation participe au recyclage et à l'économie circulaire : traitement des déchets organiques d'un territoire, production d'une énergie renouvelable et de digestat, mais aussi de fertilisant et d’amendement organique.
  • Le Nord et le Pas de Calais comptent aujourd’hui 20 unités de méthanisation en service